Ellana, Le pacte des marchombres

  

J’avais beaucoup entendu parlé de Pierre Bottero. J’ai commencé à le lire un peu lors de la parution de la série A comme Association. Son opus avec son héroïne Ombe a titillé ma curiosité. J’ai profité d’un cadeau que l’on m’a fait pour m’atteler à lire ce roman que je convoitais secrètement.

La première impression que je retiens de cet auteur est qu’il est assez déroutant.

Il disait lui-même qu’il utilisait et retravaillait les mots les phrases jusqu'à atteindre l’effet voulu : une perfection, une phrase ou un rythme qui accompagne ou complète l’action qui se déroule dans une phrase. Dit comme ça, cela à l’air anodin mais à la lecture c’est assez étonnant. Car la plupart des auteurs n’écrivent pas comme ça.

Dans les premiers chapitres je ne voyais pas très bien où l’auteur voulait en venir. Bon une fille orpheline qui est éduqué par un peuple nommé « les petits » ;  ouais mais encore. Mais petit à petit on devine le chemin que trace l’auteur et qu’il nous fait découvrir ; Jusqu’au mot révélé qui personnifie toute les attentes : « Marchombre ».

Au bout du compte je crois que je suis arrivé à la fin et que je me suis pris une claque dans la figure, en finissant les derniers chapitres avec un « Waouh » dans la tête et dans les yeux.

  

Bien que le récit s’adresse de prime abord au plus jeunes. L’histoire concentre plusieurs niveaux de lecture. L’auteur choisit ses mots pour nous en dire juste assez pour la compréhension et juste ce qu’il faut pour comprendre qu’il y a autre chose derrière. Son rythme a une petite longueur d’avance, et il faut suivre. Mais au bout d’un moment la compréhension « par anticipation » se fait le plus naturellement du monde. Il n’y a pas de grosse difficulté. C’est juste apprivoiser les langages direct et indirect de l’auteur.

Toutes ces petites choses et bien d’autres font que Bottero est un auteur atypique et en relief. Il ne demande qu’à être découvert et apprivoiser. Sa lecture n’est pas à la porté de tous. Soit on adhère ou pas.

J’ai adoré l’élan, que dis-je le souffle d’aventure qui entraine le destin d’Ellana et de ses compagnons. Quoi de plus rêveur et enivrant, pour tous les assoiffés d’aventures, que de rechercher la liberté dans tous les sens du terme. La liberté au point de ne dépendre de personne et que personne ne dépende de vous. Chevaucher les terres et faire corps avec la nature au point d’arriver à chevaucher le souffle du vent.

La voie des marchombres est un chemin personnel et intérieur semé de tentations et d’embuches, si l’on n'est pas rigoureux avec soi même et si l’on ne respecte pas un minimum de règles établies. La quête de soi « spirituelle », le dépassement de ses limites, seulement pour se connaître mieux, sans rechercher la compétition ni être le premier. La caste des marchombres m’a fait penser de temps en temps aux ninjas ou aux samouraïs pour leur code d’honneur et de liberté. Pour le côté magique cela m’a fait penser un peu aux chamanes aborigènes d’Australie.

On entre doucement par une petite porte dans le monde de Gwendalavir, en suivant les premiers pas d’Ellana, puis on est dans l’attente d’un monde qui nous appelle du pied, pour vivre des aventures avec son héros. On sent qu’il y a beaucoup de choses à découvrir. C’est simple j’étais comme un enfant a qui l’on raconte une histoire de carte au trésor ou de pirates, dans son lit avant d’aller faire de beaux rêves.

J’ai hâte de retourner dans ce monde pour suivre les aventures d’Ellana. Et j’ai aussi hâte de découvrir les autres aventures de Bottero dans ce monde imaginaire avec ses autres héros comme Ewilan.

  

A partir de maintenant je retiendrais qu’il ya toujours deux réponses à toute question : la réponse du savant et celle du poète. Quant à répondre à vos questions : si j’ai aimé ce livre et si vous l’aimerez, je vous répondrai une première fois que : Le tissage des mots amène à une perfection ; et une seconde fois : Jusqu’au-delà du vent, de la brume et de l’horizon.

Quelques citations du texte :

« Comme un vent irrésistible
La vie suit ses courbes invisibles et file
Vers l’avant »

                                                                                                                                               

« La vie est une question
La voie du marchombre est tout à la fois
La réponse du savant et celle du poète »

                                                                                                                                               

« Pouvait-on mourir de bonheur?

La question avait déjà été posée.

Mais si les larmes qui coulaient sur les joues d’Edwin et embuaient les yeux d’Ellana avaient pu parler, elles auraient sans doute pu répondre.

                                                                                                                                               

-Que devient une larme qui se brise ?

- Une poussière d’étoile.

- Que devient une étoile qui meurt ?

– Un rêve qui vit.

– Offre-moi un mot.

– Silence.

– Un autre.

– Harmonie.

– Un dernier.

– Fluidité.

– Marie les trois mots.

– Marchombre.

                                                                                                                                               

Doucement le prénom se posa sur ses paupières closes, glissa le long de sa respiration régulière, se coula dans son cœur, son âme et chacune des cellules de son corps.

Il devint elle.

Elle devint lui.

Ellana.