01/10/2012

Les âmes croisées, Pierre Bottero


les--mes-croisees-49499-250-400    Bien avant le baby-challenge de Livraddict, ce livre m’avait tapé dans l’œil. Un titre et une image qui en disent peu, et que dire de l’extrait du livre qui fait office de résumé. Dans ce genre de situation, il ne m’en faut pas plus pour m’attirer. Une vraie victime qui a envie d’avoir mal ! Il faut dire qu’avec un auteur comme Botero, ce n’est pas que l’on ne prenne pas de risque, mais l’auteur nous a habitués à une bonne drogue sans effets notoires. Pourquoi réfléchir ?

Je ne savais pas quel type d’histoire j’allais rencontrer. Fantasy aventure, introspection … ? Au fil de la lecture, on comprend bien qu’il s’agit d’introspection, mais avec une bonne dose d’aventure quand même.
 
Nawel notre héroïne est issue d’une grande famille « Perle ». Ce monde imaginaire est dominé par une race humaine nommée les Jurilans. Toutes les autres races étant considérées comme inférieures ou bestiales mis à part les Anciens, les créateurs aujourd’hui disparu. Ce sont les manuels d’histoires et les croyances populaires qui le disent ! Trois castes constituent cette race : les Perles (les dirigeants plutôt blonds, peu nombreux, imbus d’eux-mêmes), les Cendres (les exécutants, plutôt brun, très nombreux), et les Armures se tenant à part des deux autres castes. A la veille de leur entrée dans l’âge adulte, les jeunes Perles doivent choisir une « Robe ». Autant dire un métier haut-placé. Chaque métier se différencie par une robe de couleur différente. Les Armures sont une robe à part, mais je les ai volontairement nommés caste, car ils sont indépendants et à-part de la vie du royaume. On pourrait les comparer aux Samouraïs de l’histoire japonaise. Notre jeune Nawel se trouve à la fin de son cursus scolaire et doit choisir sa future Robe et donc sa future vie.
 
Malgré un monde fantasy, en regardant plus précisémLes-ames-croisees-01    ent, on se rend compte que les règles qui régissent ce monde ne sont pas si éloigné de notre monde. Une minorité d’exécutant, une majorité de travailleur. Des ambitions, du pouvoir, de l’orgueil, des manipulations, des aprioris. Ce roman soulève beaucoup de questions existentielles. Est-on vraiment libre de ses propres choix ? Faisons-nous nos choix sans apriori, sans conditionnement préalable ? Bref peut-on être vraiment libre ? Ou, le hasard existe-t-il ?
 
Nawel va devoir faire des choix pour sa future vie. Mes ses choix seront-ils tous en connaissance des vraies causes ? Ses choix seront-ils libres de tout parasitage de sa vie passée ? C’est la toute la question du roman et de la vie future de l’héroïne.
 
Mais alors, me direz-vous ! Pourquoi avoir intituler ce livre « les âmes croisées » ? Réponse : vous le découvrirez plus tard… Je ne peux rien vous dire. Je suis tenu par le secret professionnel du lecteur aguerrit que je suis. Comme le magicien, je ne révèle jamais les secrets.
 
Ce roman fera appel à votre âme d’enfant, à vos espoirs, à vos rêves perdus et à vos interrogations sur la destinée. Bref un roman qui vous évade, qui vous emporte ailleurs. Un roman qui nous apprend, qui nous fait prendre conscience de certaines choses. Je pourrais le comparer au roman d’Antoine de Saint-Exupéry, « Le petit prince »    . Il y a toujours une leçon à tirer à chaque relecture. « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible aux yeux ».
 
Une belle découverte, un beau coup de cœur. En arrivant à la fin on sent bien qu’autre chose devait voir le jour pour faire suite à ce début d’histoire. Malheureusement cette histoire ne pourra pas être poursuivit, puisque l’auteur n’a pas pu finir son dessein pour cette héroïne. C’est bien dommage car on sentait que différentes histoires de l’auteur pourraient se relier. Mais chut ! J’en ai peut être déjà trop dit.
  
Extraits :
- Pourquoi m’avez-vous conduite ici ?
Un sourire amer étira les lèvres de la vieille.
- Vous ne me tutoyez plus, donna ?
Sans donner à Nawel le temps de répondre, elle poursuivit :
- Je vous ai conduite ici parce que vous désiriez savoir et que vous méritez de savoir.
- Je mérite ?
La vieille femme avança jusqu’à se camper sous le nez de Nawel.
Elle était minuscule, voutée, vêtue d’habits couleur poussière, abîmée par les intempéries de l’existence, pourtant elle paraissait aussi solide que l’arbre qui se dressait près d’elle.
- Je vais vous dire, donna. Au risque que vous me fassiez fouetter. Je vais vous dire, non parce que je suis courageuse mais parce que je me moque de ce risque.
Elle pris une respiration sifflante.
- Je vous exècre, donna. Je vous exècre plus encore que j’exècre les Perles en général et les Robes en particulier. Je connaissais Sylia. Je l’aimais. Je l’aimais comme la vieillesse aime la jeunesse, les rides aiment la fraicheur et l’inéluctable aime le champ ouvert des possibles. Je l’aimais et je vous exècre. Je vous exècre pour la mort de Sylia et celle d’Oum. Je vous exècre pour votre suffisance, votre mépris, votre égoïsme et votre incommensurable bêtise.
Chacun de ses mots avait attient Nawel au centre de sa vie. Elle sentit son âme se racornir, sa vitalité s’enfuir, ses certitudes s’effondrer.
Elle aurait voulu se rouler en boule sur le sol, disparaitre, cesser d’exister…
Elle parvint à murmurer :
- Pourquoi alors me… me parler plutôt que chercher à vous venger ?
La vieille femme lui lança un regard pareil à une lame de glace.
- Parce qu’offrir le savoir peut s’avérer la plus terrible des vengeances.
Elle sourit. Un sourire effrayant de dureté.
- Vous savez maintenant, donna.
 
                                                                                                                    
 

Très vite, il lui avait expliqué que, n’éprouvant aucun goût pour le maniement des armes, il était très heureux de passer ses journées perchées dans des charpentes, loin des champs de bataille. Sa seule crainte était qu’une pénurie d’hommes de troupe l’oblige à endosser une cotte de mailles.
-C’est peut être indiscret, fit Nawel après une brève hésitation, mais si le métier de soldat te rebute, pourquoi t’être engagé ?
Le visage d’Arlyn se figea tandis que son sourire disparaissait.
- C’est une triste histoire, répondit-il. Je ne suis pas sûr qu’elle t’intéresse. Pas sûr, non plus, d’avoir envie de la raconter.
Priant pour qu’il ne perçoive pas les battements désordonnés de son cœur, Nawel esquissa un timide sourire.
-J’ai toujours aimé entendre les histoires, même tristes. Si tu acceptes de me l’offrir, je l’écouterai avec plaisir.
Il hocha la tête.
- Offrir. Le mot est juste. Offrir un morceau de soi. En partage. Un morceau sombre et douloureux. Un morceau essentiel. Sais-tu que l’on se construit plus par les drames auxquels on survit que par les bonheurs que l’on vit ?

Pierre-Bottero-01    









1 commentaire:

  1. Quel beau roman !

    Pauline,
    Entre Les Pages : http://img.over-blog.com

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