« Zakhor. Al Tichkah»
Ces quelques mots forts de Yiddish sont emblématiques de ce livre :
« Souviens-toi. N’oublie jamais ». Le devoir de mémoire.
Je ne sais comment écrire et
organiser ma critique tellement ce livre a été fort en émotion. Il n’y a pas assez
de mots dans la langue française pour décrire, commenter ou réagir à l’histoire
de nos héros, surtout celle de Sarah.
Comme chaque récit sur la seconde
guerre mondiale impliquant des faits de résistances ou autre collaboration, on
reste sans voie, ému, tremblant d’émotion devant les choses que les gens ont dû
subir. Cette histoire est certes inventée par l’auteur, mais on se prend bien
au jeu de savoir ce qui est vrai du romanesque. En tout cas les faits
historiques décrits sont réels. Sarah et sa famille n’ont pas existé en tant
que tel décrit dans ce livre. Mais je suis sur qu’il y a du avoir quelques
histoires ressemblantes ou similaires à celle de Sarah.
Cette histoire m’a attiré après
avoir vu la bande annonce du film tiré du livre. Plus que les images, il me
fallait lire ce livre pour vraiment ressentir en plein l’histoire. Chose que
malgré un film de qualité, celui-ci ne pourra jamais rendre les émotions qui
passent par des mots. Elle m’a attiré aussi car je ne connaissais pas ou très
peu l’historie du Vélodrome d’hiver de Paris.
Le devoir de mémoire
parlons-en ! C’est une chose de nous apprendre l’histoire de France à
l’école mais encore faut-il qu’elle soit complète. De la 4° à la 3°, au
collège, on rabâche le pourquoi du comment, la monté du nazisme etc.… Mais
l’éducation nationale et les autres institutions mettent de côté sciemment les
événements qui les dérangent. Je parle bien sur de la rafle du Vel-d’hiv. Non,
il ne faut pas oublier. Mais il ne faut pas non plus oublier que le gouvernement
français de Vichy de l’époque a collaboré avec les nazis. Il ne faut encore
moins oublier que c’est la propre police française qui a arrêté beaucoup de
juifs de Paris ; parmi eux
énormément de femmes et d’enfants. Il ne faut pas oublier que la police française
les a parqués comme des têtes de bétails en plein mois de juillet 1942, qu’ils
ont transité par des camps français basés à Drancy, Beaune-la-Rolande et
Pithiviers, pour pouvoir être envoyé et exterminé à Auschwitz.
Et tout cas nos belles institutions
ont encore honte d’en parler ou tout juste murmurer. Une goutte d’eau dans un
océan.
Voilà pour le côté « je fais
ma bonne action . En parlant de cela, on est un peu dans le même état
d’esprit que Julia Jarmond dans le livre. Une journaliste américaine mariée à
un français qui va enquêter sur le Vel-d’hiv et va découvrir tout un pan de
l’histoire de sa belle-famille. Une américaine considérée comme une étrangère
de part son éducation non européenne et ses réactions. Mais comme elle on a
envie de s’indigner, de comprendre, de critiquer l’Europe et les Français. J’ai
trouvé que l’auteur y arrivait finement sans que cela choque trop pour nous bon
français de pure souche. Oui il faut prendre notre Histoire telle qu’elle est.
Et ne pas porter la honte du passé que les protagonistes de l’époque n’ont eu
aucun scrupule à mettre de côté et ne pas réfléchir aux actes qu’ils
commettaient.
Le pire dans tout cela, pour ma
part, c’est que le peu de survivant qui reste ne peuvent même pas avoir honte
car à cette époque, personne ne savait ce qu’il se passait. Et je ne comprends
pas qu’encore aujourd’hui cela reste un sujet tabou. Il y a bien sur les
plaques de commémorations à Paris et ailleurs, mais il y a encore de la gêne à
en parler.
Sans vous dévoiler le contenu du
récit, je peux vous dire que c’est une histoire poignante et singulière. Une
histoire dure, mais pour tout public et facile à lire. Une histoire très
romancée qui fait passer des messages forts par les qualités d’écritures de
l’auteur et les personnages vivants que l’on croirait sortis des pages dans
lesquelles ils sont enchaînés pour vivre « libre » l’histoire qu’ils
doivent raconter. Un fait-divers qui aurait pu se passer dans n’importe quelle
famille française et même dans la notre, tellement l’écriture de l’auteur est
ciselée et consciencieuse et nous rapproche des héros que l'on pourrait très
bien connaître.
Une fin dans la continuité de la vie de Julia Jarmond, plus personnelle
qui m’a moins emballé. Mais elle est l’un des nombreux messages que l’auteur à
voulu faire passer à savoir les conséquences du passé sur le présent et le
futur.
Elle s’appelait Sarah, il s’appelait Michel, Stanislas, et bien d’autre
encore. Ils sont morts gazés à cause d’un idéal haineux, absurde et inhumain.
D’autre se sont échappés, ont tout perdu et ont vécu avec ce poids toute leur
vie sans jamais en parler à quiconque. Mais il ne faut pas les oublier, et
parler d’eux. « Zakhor. Al Tichkah».
Un livre qui m'a beaucoup touchée aussi. Très belle critique!
RépondreSupprimermerci, je regrette juste un peu le manque de structure ou de clarté dans ma critique. Je viens de voir tes dernières lectures sur ton site, j'attends avec impatience la critique de "de l'eau pour les éléphants" ;-).
SupprimerJ'ai beaucoup aimé cette belle histoire mais j'ai été moins convaincue par les parties sur la vie privée de Julia.
RépondreSupprimeroui, pour ma part c'est plutôt la fin avec la relation entre Julia et le fils.
SupprimerJ'ai seulement vu le film que j'ai beaucoup aimé, j'ai plus qu'a lire le livre maintenant =)
RépondreSupprimerLe film est trés ressemblant à ce qu'il paraît, mais j'ai volontairement refusé de voir le film avant de lire le livre, pour laisser faire mon imagination. (Je ne l'ai toujours pas vu).
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